J-M Guichet (Marseille)
Introduction
Depuis sa création en 1988, la confrontation clinique a permis de dégager une compréhension différente des allongements, tant physiologique que pratique, sortant des dogmes traditionnels. La technique a beaucoup évolué, notamment au niveau des modalités pratiques de prise en charge des patients et des possibilités de résultats.
Bases physiologiques :
L’ossification de produit principalement au niveau du périoste. La distraction doit être adaptée en fonction des réactions cliniques, témoins directs de la cicatrisation osseuse. Pour des allongements de plus de 7 cm, il est parfois nécessaire de diminuer le rythme de distraction à ½ voire 1/3 mm/jour.
Le muscle produit traditionnellement par fixateur externe une réaction inflammatoire de type fibrotique, pour construire un tissu s’opposant au mécanique d’allongement (le tissu le plus résistant produit par le muscle est le tissu fibreux). Une préparation musculaire pré-opératoire permet de supprimer cette réaction fibrotique en le ‘leurrant’ : l’allongement n’est pas perçu comme un événement indésirable, mais comme un événement bénéfique directement similaire aux étirements et la musculatoin préopératoire.
Au niveau du tibia, la forme osseuse triangulaire et incurvée induit une invagination du périoste qui a tendance à coller au clou, gênant la constitution d’un espace de décollement sous-périosté ‘ossifiable’.
Bases cliniques :
La technique a récemment beaucoup bénéficié de l’apport du percutané et d’une instrumentation spéciale qui autorise un faible traumatisme chirurgical, avec comme conséquence, par exemple, la possibilité de reprendre le vélo dès le lendemain d’une intervention des 2 fémurs.
Un allongement par fixateur externe induit une baisse de force motrice de plus de 60% (testing isocinétique). Par clou, il en est de même. Une augmentation préopératoire de la force musculaire permet de retrouver les valeurs de force initiales très rapidement en moins d’un an, voire de les dépasser. Une reprise sportive professionnelle est possible avec augmentation des capacités et performances sportives par allongement.
Par fixateur externe, et par clou avec une prise en charge traditionnelle, la flexion du genou baisse à 50°. Avec une prise en charge spécifique, une flexion moyenne pendant l’allongement de 120° est possible jusqu’à 9 cm.
Une adaptation calorique et nutritionnelle est nécessaire, pour éviter l’hypo-nutrition relative avec perte de poids, alors qu’on devrait augmenter la masse musculaire.
Des allongements fémoraux de 20 à 30 cm sont possibles, même avec une instabilité articulaire, avec une gestion précise et spécifique du traitement.
Les douleurs nécessitant des anesthésies générales en ce qui concerne le clou Albizzia sont liés à un défaut d’indication, de prise en charge psychologique ou de prise en charge tout court. Un taux de 2% d’anesthésie générales épisodiques peut être obtenu avec une prise en charge adéquate des patients.
Conclusion :
Le clou Albizzia a acquis ses lettres de noblesse dans l’arsenal thérapeutique des allongements, et permet d’accéder à un champ clinique inaccessible auparavant. Les évolutions prévues de ce produit vont considérablement modifier les concepts de la fixation interne et faciliter étrangement la réalisation pratique, tant pour le patient que le chirurgien.