N Pujol (Paris)
Introduction:
Les différents moyens reconnus d’évaluer objectivement les taux de cicatrisation méniscale sont l’arthrographie/arthroTDM, l’arthroIRM, l’arthroscopie itérative, l’IRM. Concernant l’évaluation postopératoire de la réparation méniscale, de nombreux auteurs ont trouvé que l’IRM conventionnelle est inadéquate et peu fiable pour préciser les processus de cicatrisation car il persiste fréquemment un hyper signal ininterprétable dans la zone cicatricielle même à long terme.
Une revue de la littérature sur Medline entre 1980 et 2006 concernant les résultats anatomiques des réparations méniscales a été effectuée. Les critères d’inclusion étaient: réparation méniscale à ciel ouvert ou sous arthroscopie, lésion méniscale en zone vascularisée, LCA intact ou reconstruit, contrôle anatomique à plus de 6 mois par une arthro-IRM, une arthrographie, une arthroscopie ou un arthroscanner.
On constate que les taux de cicatrisation complète des réparations méniscales vérifiés par arthroscopie sont de 72 % en moyenne quelle que soit la technique utilisée, alors que ceux objectivés par arthrographie sont en moyenne de 60 %. Les classifications des taux de cicatrisation en surface objectivés par arthroscopie et par arthrographie ne semblent donc pas comparables. Même s’il n’y a pas de gold standard, l’arthrographie couplée au scanner ou à l’IRM semble préférable pour objectiver la cicatrisation méniscale après réparation. L’arthroscopie est plus invasive, donne des résultats discordants ; elle ne peut être recommandée en première intention pour l’évaluation de la cicatrisation méniscale.
Nous avons par ailleurs effectué une étude prospective afin de documenter précisément les résultats anatomiques des réparations méniscales par l’arthroscanner et d’évaluer pour la première fois la diminution en largeur du ménisque réparé.
Matériel et méthode :
53 réparations méniscales (36 ménisques médiaux, 17 latéraux) ont été étudiées entre 2002 et 2004 dans 2 centres. Tous les patients ayant une laxité antérieure du genou (58.5%) ont bénéficié d’une ligamentoplastie du LCA dans le même temps que la réparation méniscale.
Les patients étaient évalués en préopératoire par IRM.
L’évaluation clinique était effectuée par le score IKDC.
Les critères anatomiques de cicatrisation étaient recherchés par un arthroscanner à 6 mois post opératoire. 4 paramètres étaient évalués et comparés sur l’imagerie pour chaque segment méniscal atteint: le taux de cicatrisation en surface (Henning), le taux de cicatrisation par segment atteint, le taux de cicatrisation longitudinale, les dimensions relatives des segments méniscaux réparés.
Résultats :
92% des patients avaient un bon résultat objectif (IKDC A : 28, 21 B, 4 C). 58% des ménisques ont complètement cicatrisé selon les critères de Henning, 24% partiellement, 18% ayant une cicatrisation inférieure à 50%.
Le taux de cicatrisation longitudinale moyen était de 73.1+/-38% pour les ménisques médiaux et latéraux.
Les 20 lésions isolées du segment postérieur avaient un taux de cicatrisation de 59.8+/-46%, significativement inférieur (p<0.05) à celui des 19 lésions s'étendant du segment postérieur au segment moyen (79.2+/-28%).
Une diminution postopératoire significative de la taille des segments moyens et postérieurs réparés était observée pour le ménisque médial (9+/-1.2%, p<0.02), et une diminution de 15+/-14% de celle du segment moyen du ménisque latéral (p<0.01).
Ce raccourcissement observé était corrélé au taux de cicatrisation pour le segment postérieur (p<0.04). Le segment postérieur cicatrisait donc moins bien, sauf quand il était suffisamment raccourci.
Par ailleurs, le taux de cicatrisation était corrélé au résultat clinique subjectif (p=0.001).
Conclusion :
Les réparations méniscales arthroscopiques donnent des bons résultats cliniques et anatomiques, sur genou stable ou stabilisé, pour les 2 ménisques, à moyen terme. L'avivement méniscal et son raccourcissement relatif sont des facteurs importants dans les phénomènes de cicatrisation.
On obtient une cicatrisation partielle avec une lésion stable et indolore. Le raccourcissement méniscal après réparation a pour la première fois été objectivé.