JA Epinette (Bruay la Buissiere)
L’instabilité des prothèses de hanche demeure une complication non exceptionnelle et toujours ressentie par le patient et son entourage comme un échec d’autant plus évident qu’il est quasi-immédiat, au contraire des descellements ou problèmes d’usure à long terme. De fait, à technique similaire chez une population homogène de patients, certaines conformations anatomiques prédisposent à l’évidence aux instabilités de hanche, par une torsion anormale de l’isthme fémoral ou par un angle cervico-diaphysaire initial en varus. En outre, dans un nombre de cas non négligeable, existe une inadéquation flagrante des rapports osseux entre diamètre du canal médullaire et longueur du col fémoral.
Pour ces deux situations le recours à une prothèse standard monobloc à angle constant n’est pas souhaitable, car donner la priorité à la stabilité de la hanche en tentant de jouer sur les variations d’offset dans la tête prothétique ou la taille de la tige, peut conduire soit à un allongement intempestif, soit à se révéler insuffisant pour éviter une instabilité génératrice de luxations des implants. La modularité dans le col apparaît dès lors une alternative crédible aux prothèses sur mesure, en offrant en outre l’avantage d’une décision prise durant le geste opératoire lui-même… Ce travail, basé sur l’expérience récente de la tige modulaire ABG2-HA dans notre pratique quotidienne, se propose de réfléchir à l’utilisation de ces tiges modulaires versus le même modèle ABG « standard » selon les deux questions suivantes: pourquoi utiliser la modularité et dans quelles situations anatomiques?
Depuis l’introduction récente dans notre pratique de cette tige ABG2 modulaire en complément de la tige ABG2 « standard », nous n’avons recours à la tige modulaire que si une adaptation dans le col s’avère nécessaire, ou si l’offset de la tête est insuffisant pour l’adaptation en longueur du membre. Le but de cette étude n’est pas de présenter des résultats cliniques, qui se révèlent similaires pour les deux groupes « modulaires » versus « non modulaires » au recul actuel, mais bien d’estimer l’intérêt de la modularité dans le col en pratique quotidienne. Pour les deux groupes en chirurgie primaire, aucune luxation n’a été déplorée durant cette période allant de mai 2008 à janvier 2009, et de même aucune différence de longueur acquise n’a été observée, ce qui tend à prouver l’efficacité de cette indication sélective de l’une ou de l’autre des options modulaire vs. standard, avec un ratio d’environ 50% pour chacune.
Dans le groupe des tiges modulaires, le recours à cette option a été motivée dans 45% pour une simple adaptation de longueur (se répartissant en gain en accourcissement pour 31% contre un allongement optimisé dans 14%) contre 55% motivés par une instabilité potentielle en rapport avec la direction du col. Ces derniers 55% se répartissent en 28% d’adaptation en varus, 8% de cols en antéversion ou rétroversion, et enfin 19% associant à la fois un varus et une adaptation en anté ou rétroversion.
Au total cette possibilité de recours à la modularité dans le col nous apparaît comme très favorable au terme de ces premiers huit mois d’expérience de la tige ABG2 modulaire, avec un résultat optimal tant pour l’adaptation de longueur que de la prévention des luxations, sous réserve d’un suivi ultérieur à long terme pour vérifier l’absence de problèmes induits sur le plan mécanique, à type de rupture ou d’usure par freeting-corrosion notamment. En dernier lieu, une étude plus spécifique du positionnement du centre de rotation de l’articulation prothétique et de la restitution des conditions biomécaniques permis par cette modularité doit faire l’objet d’études complémentaires.