M Soenen, O May, WY Matar, F Raymond, PE Beaule (Lille)
Introduction :
Le conflit fémoroacétabulaire est une cause aujourd’hui reconnue de douleurs de hanche, de lésion labrale et de délamination cartilagineuse chez l’adulte jeune. Les résultats des traitements chirurgicaux sont encourageants si toutefois la pathologie est prise à un stade précoce avant les remaniements arthrosiques. La scintigraphie osseuse a été utilisée à maintes reprises pour dépister les pathologies de la hanche : elle pourrait conduire au diagnostic ou révéler une arthrose précoce avant même l’apparition des symptômes. Cette étude a pour but d’évaluer la capacité de la scintigraphie osseuse à diagnostiquer les conflits fémoroacétabulaires.
Matériel et Méthodes :
19 patients (17 hommes, 2 femmes) d’âge moyen 35 ans, présentant un conflit fémoroacétabulaire clinique et radiologique ont bénéficié d’une scintigraphie osseuse avec étude vasculaire de premier passage et de perfusion en plus d’une tomographie d’émission en simple photon (SPECT). Le conflit fémoroacétabulaire a été diagnostiqué en présence d’une association entre un signe de conflit positif à l’examen clinique et un angle alpha > 50,5° ou un ratio d’Eijer < 0,15 sur des radiographies de profil des deux hanches (Dunn et chirurgical). 2 patients présentaient des symptômes bilatéraux. Résultats :
Tous les patients présentaient des anomalies architecturales bilatérales avec un déficit d’offset cervico-cephalique antérieur (ratio d’Eijer moyen à 0,07 ± 0,04), angle alpha moyen 75,3° ± 15,7°. Sur 21 hanches symptomatiques, 18 présentaient une hyperfixation significative soit au niveau du toit de l’acétabulum, soit au niveau de la jonction tête-col latérale, adjacente au toit, ou encore aux deux localisations. Sur les 17 hanches controlatérales asymptomatiques, 8 (47,1%) présentaient une hyperfixation significative. Pour le diagnostic de conflit fémoroacétabulaire dans cette étude, la scintigraphie a une sensibilité de 85,7%, une spécificité de 52,9%, une valeur prédictive positive à 69,2% et une valeur prédictive négative à 75,0%.
Discussion :
Dans cette étude les hyperfixations scintigraphiques se situaient à la partie supéro-latérale de l’articulation, ce qui correspond aux localisations des lésions labrales ou des délaminations cartilagineuses décrites dans cette pathologie. Il semble que la scintigraphie soit un examen sensible pour confirmer le diagnostic de conflit fémoroacétabulaire. Parmi les douleurs de hanche inexpliquées, une scintigraphie positive doit conduire à rechercher un conflit fémoroacétabulaire radiologique. La faible spécificité est due à la fixation des hanches asymptomatiques présentant le même trouble architectural suggérant une atteinte intra-articulaire pré-clinique, ce qui amène à s’interroger sur le rôle d’une chirurgie préventive visant à traiter une lésion arthrogène irréversible.