JA Epinette (Bruay la Buissiere)
Le présent travail consiste en une analyse prospective homogène de 125 prothèses unicompartimentaires HA Unix en chirurgie primaire, opérées par un même chirurgien (JAE) selon un protocole demeuré inchangé durant toute la durée de l’étude, entre 1994 et 2002, avec un recul clinique minimum de 7 ans et maximum de 15 ans. La sélection des patients candidats à la prothèse unicompartimentaire a été rigoureuse selon les principes définis dans la monographie de la SoFCOT [1], soit pour des patients ne présentant que des lésions unicompartimentaires fémoro-tibiales médiales ou latérales, dues à un processus le plus souvent arthrosique, avec élimination des étiologies inflammatoires de type rhumatismal, avec intégrité du compartiment opposé, tandis que les douleurs rotuliennes ne se trouvaient jamais au premier plan de la symptomatologie clinique, et qu’aucune laxité d’origine ligamentaire, et notamment en ce qui concerne le ligament croisé antéro-externe, ne pouvait être mise en évidence, tant en pré- qu’en per-opératoire.
Ces prothèses unicompartimentaires ont permis d’obtenir des résultats cliniques performants. Avec un recul moyen de plus de 10 ans, les courbes de survie de l’implant en prenant comme critère de sortie les révisions de toutes causes, et alors qu’aucun des patients de l’étude n’a été perdu de vue, sont particulièrement favorables avec un taux de survie de 96,43%. Le score IKS « genou » moyen au dernier recul atteignait 97,9 points dont 60 genoux (69.8%) au score maximum de 100 points. Le score « fonction » IKS moyen était au dernier recul de 93,1 points dont 57 genoux (66,3%) au score maximum de 100 points. Si la comparaison parfois systématiquement effectuée par rapport aux prothèses totales démontre un avantage pour les prothèses unicompartimentaires, avec une flexion moyenne en flexion active à 138° (extrêmes: 90°-165°) et une utilisation normale alternée des escaliers pour 69% des cas, ce qui est significativement supérieur aux résultats habituels des prothèses totales [2], les patients à l’évidence ne sont pas le mêmes, ce qui néanmoins milite pour ne pas envisager de principe un remplacement total pour un patient qui pourrait être un excellent candidat à la prothèse unicompartimentaire.
Il est relativement paradoxal de constater encore aujourd’hui le caractère controversé et parfois confidentiel des implantations unicompartimentaires du genou, et la difficulté de statuer de façon nette sur son positionnement thérapeutique entre ostéotomies et prothèses totales, malgré de nombreuses publications notamment françaises. Il est pourtant clair que ces prothèses ont beaucoup mûri durant les quinze dernières années, et devraient à présent trouver leur place propre au sein des différentes familles de prothèses de genou. Ce mode prothétique restera toutefois quoi qu’il arrive une entité particulière qui réclame peut-être plus que toute autre des gestes techniques spécifiques, une sélection rigoureuse des patients, et un choix judicieux des composants et de l’ancillaire de pose.
1. Cartier Ph, Epinette JA, Deschamps G and Hernigou Ph – Indications et limites des prothèses Unicompartimentales – in « Prothèse Unicompartimentale de Genou » – Cahiers d’Enseignement de la SOFCOT – 1998, n° 65, pp 287-296, Paris, Elsevier Publisher – ISBN: 2-7447-0020-7
2. Epinette JA, Manley MT. : Hydroxyapatite-coated total knee replacement: clinical experience at 10 to 15 years – J Bone Joint Surg Br. 2007 Jan;89(1):34-8.