Depuis la fin des années 1980, des cas d’ostéonécroses sont rapportés régulièrement et de façon croissante chez des patients infectés par le VIH. Nous rapportons dans ce travail 3 cas de patients porteurs du VIH, jeunes et atteints d’ostéonécroses symptomatiques. Le premier cas avait été rapporté par le service d’infectiologie du CHU de Fort de France en 2002. Il s’agit d’un homme de 48 ans aux facteurs de risque limités (éthylisme et hypertriglycéridémie modérés) dont l’infection par le VIH est connue depuis 1986, avec une multithérapie antirétrovirale depuis 1996. Ce patient a développé 2 ans après le début de cette multithérapie des ostéonécroses symptomatiques de la tête humérale gauche et des deux têtes fémorales avec pose d’une PTH en 2002. Le deuxième patient est âgé de 50 ans, diagnostiqué porteur du VIH également en 1986 avec des facteurs de risque de nécrose osseuse faibles (éthylisme
modéré). Un traitement antirétroviral a été institué en 1997 et le patient a développé en 1999 des ostéonécroses multiples des deux hanches, des deux épaules, d’un dôme astragalien , et des condyles fémoraux. Il a bénéficié de deux PTH en 2002 et 2006. Le dernier patient est un homme de 33 ans diagnostiqué porteur du VIH en 2002 sans facteur de risque majeur de nécrose osseuse. Il a été placé sous antirétroviraux dés 2003 avec plusieurs pauses dans l’observance du traitement. Ce patient était également sous corticothérapie pour d’importants problèmes dermatologiques. Un diagnostique d’ostéonécrose des deux hanches a été posé en 2009 avec pose d’une PTH la même année.
La littérature concernant ce sujet est pauvre. Depuis 1990, seuls 40 articles sont répertoriés dans le Medline dont deux seulement dans des revues de chirurgie orthopédique.
Tous les auteurs insistent sur le rôle possible des facteurs de risque d’ostéonécrose propres aux patients (alcoolisme, corticothérapie, hyperlipidémie…) mais mettent en évidence le rôle probablement prépondérant des traitements antirétroviraux dans l’apparition d’ostéonécrose symptomatique chez les patients VIH positifs. Si aucun lien statistiquement prouvé n’a pu être mis en évidence entre le traitement antirétroviral et les lésions osseuses, les effets secondaires de ces médicaments (hyperlipidémie iatrogène, lipodystrophie) sont susceptibles d’être au moins en partie à l’origine des nécroses constatées (dans les deux ans après l’institution du traitement chez nos trois patients). Dans la littérature, les localisations des nécroses osseuses concernent essentiellement les têtes fémorales souvent de façon bilatérale. Les localisations multifocales ne sont pas rares. La majorité des auteurs recommandent pour un diagnostique et une prise en charge précoce, une recherche systématique clinique et radiologique des ostéonécroses osseuses chez les patients VIH positifs.
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