N Bonneau, J Bouhallier, C Simonis, P-A Libourel, C Tardieu, O Gagey (Paris)
Le squelette locomoteur humain fonctionne in vivo comme un système intégré au sein duquel toutes les composantes de la chaîne ostéo-articulaire rachis, pelvis et membres inférieurs sont interdépendantes. La bipédie humaine nécessite un fonctionnement optimal des liens mécaniques au sein de cette chaîne.
L’angle d’incidence sacrée est un paramètre clé dans l’intégration morphofonctionnelle du système locomoteur humain. La valeur de ce paramètre pelvien est corrélée à la morphologie individuelle des courbures rachidiennes sagittales, et traduit les relations d’équilibre entre le rachis et le bassin. Si les rapports entre le rachis et le bassin commencent à être bien connus, les relations entre le bassin et les membres inférieurs restent problématiques.
Le lien fonctionnel entre bassin et membres inférieurs peut être analysé grâce à l’orientation tridimensionnelle des acetabula. Dans la littérature, ce paramètre a été le plus souvent décrit par les mesures de l’angle d’antéversion et de l’angle d’inclinaison des acetabula. Le calcul de ces angles nécessite la prise en compte d’un référentiel de position du bassin. Ce référentiel n’est pas universel et les définitions des deux angles diffèrent selon le domaine d’étude. Des tables de conversion existent pour la comparaison des données issues des différentes pratiques disciplinaires mais leur utilisation reste complexe.
Au cours d’une intervention de pose de prothèse total de hanche (PTH) le clinicien oriente la cupule en utilisant, le plus souvent, le plan de Lewinneck défini par les trois saillies osseuses des deux épines iliaques antéro-supérieures et du pubis. Or, ce plan n’est pas toujours facile à identifier in vivo. En effet, sa détermination au cours d’une intervention est réalisée par la palpation des épines iliaques et du pubis qui est une méthode peu précise surtout en cas d’adiposité importante. Un des objectifs majeurs de la recherche actuelle sur les PTH concerne l’identification de méthodes de repérage fiables pour la navigation per-opératoire.
La description de l’orientation des acetabula par un paramètre tridimensionnel unique exempt de tout référentiel est donc actuellement un enjeu important. Certains auteurs ont défini l’axe d’orientation tridimensionnelle d’un acetabulum comme la perpendiculaire au plan passant par le sourcil cotyloïde. Cependant, la morphologie variable du rebord antérieur du sourcil est un écueil dans l’application directe de cette définition puisque, dans la plupart des cas, elle ne permet pas de calculer de manière convenable un plan de régression.
Dès lors, il semble intéressant de reconsidérer les méthodes actuelles de description de l’orientation tridimensionnelle des acetabula. C’est pourquoi, nous avons mis en place un protocole de dissection sur des bassins frais en collaboration avec le Centre du Don des Corps (Université Paris Descartes) afin de mieux comprendre la morphologie de la région cotyloïde. L’accès aux tissus mous est essentiel pour la caractérisation d’une nouvelle méthode de reconstruction de l’axe d’orientation tridimensionnelle des acetabula.
En résumé, l’objectif de cette étude est d’obtenir une reconstruction fiable de l’axe d’orientation tridimensionnelle d’un acetabulum, fournissant alors un paramètre descriptif dans les trois dimensions de l’espace et exempt de tout référentiel de position.