Ph Merloz (Grenoble), S Rigal (Clamart), S Hebben (Grenoble), L Maftei (Grenoble)
Nous reprenons ici une partie du travail multicentrique de l’ASAMIF (Association pour l’étude Systématique et l’Application de la Méthode d’Ilizarov en France) qui réunissait 87 cas de perte de substance osseuse (PSO) septiques ou aseptiques traités selon les principes définis par Ilizarov et publié en 1989 dans le journal de chirurgie.
En fait les conclusions de 1989 ont été revues, corrigées pour certaines affinées à l’occasion du symposium 2010 de la SOFCOT consacré au traitement des pertes de substance osseuse (PSO) diaphysaires d’origine post-traumatique.
Notre propos ne portera ici que sur 30 cas de traitement de PSO en utilisant la méthode de compression-distraction mono-focale (15 cas de la série ASAMIF et 15 cas de la série du symposium 2010).
L’appareil de compression/distraction d’Ilizarov est intéressant par sa prise circulaire, ses broches fines transfixiantes et peu traumatisantes. Les propriétés élastiques du fixateur d’Ilizarov et sa capacité de dynamisation ne sont qu’un moyen technique mis à profit pour créer une dynamisation en compression pendant 8 jours (vitesse 1 mm par jour), puis en distraction pendant 8 autres jours et ainsi de suite. C’est ainsi qu’est réalisé un véritable « pompage » du foyer de PSO qui finit par aboutir à la consolidation.
Dans cette série, la compression-distraction mono-focale a été utilisée pour des PSO modérées (de l’ordre de 3 cm) au niveau huméral (4 cas), fémoral (9 cas) et tibial (17 cas).
La méthode est employée dans la majeure partie des cas après plusieurs échecs consécutifs à l’utilisation de procédés classiques de traitement. Toute situation confondue, les lésions consolident dans plus de 90% des cas (27 cas/30) et l’infection guérit dans la même proportion. Ce résultat s’obtient avec un délai moyen légèrement supérieur à 6 mois. Les séquelles sont liées à la méthode et les complications sont peu nombreuses.
Les conditions essentielles du succès passent par le respect d’un certain nombre de règles. Il est impératif de maîtriser parfaitement toutes les possibilités offertes par le matériel. Il est indispensable d’obtenir dans tous les cas une utilisation fonctionnelle du membre opéré ; cette dernière remarque impose une surveillance rigoureuse et répétée tout au long du traitement. Si la méthode permet de corriger toutes les déformations sans geste itératif et sans exposer un risque infectieux grave, elle ne doit pas être considérée, pour autant, comme le moyen thérapeutique à proposer systématiquement devant toute forme de PSO.
Le choix judicieux de l’indication nous semble être la garantie d’un résultat rapide et durable.