E Mamejean, Ch Schlur (Paris)
Introduction
Différentes solutions chirurgicales ont été proposées afin de prévenir la formation d’adhérences après chirurgie orthopédique, notamment du membre supérieur : traitement médicamenteux, lambeaux de glissement (graisseux), utilisation de biomatériaux. Les lambeaux locaux peuvent être bénéfiques, mais souvent le résultat est imprédictible. Les biomatériaux, et spécialement les membranes, peuvent être interposées entre les tissus lésés et les tissus environnants de façon à prévenir les adhérences fibrinotiques, inéluctables après toute chirurgie tendineuse et/ou nerveuse.
En chirurgie orthopédique, notamment posttraumatique, l’absence de produits validés oblige souvent à réaliser des interventions itératives de ténolyse et/ou neurolyse.
Les auteurs évaluent l’efficacité et la tolérance d’une nouvelle membrane collagénique, conçue pour guider le processus de cicatrisation et prévenir la formation d’adhérences.
Technique chirurgicale
La membrane étudiée (Cova™, Biom’Up, France) est composée de 100% de collagène. Le processus de fabrication offre une membrane très maniable et résorbable, qui peut être suturée si nécessaire.
Toutes les indications étaient secondaires (sauf deux), de ténolyse ou neurolyse, dans un contexte posttraumatique ou postchirurgical. Après immersion de la membrane dans du sérum physiologique, celle-ci est placée autour des tissus à protéger.
Matériel et methodes
Vingt patients, de 51 ans d’âge moyen, 11 femmes et 9 hommes, ont été opérés pour 8 ténolyses et 12 neurolyses. Avant la reprise, tous les patients présentaient des douleurs chroniques sévères avec syndrome irritatif et/ou des raideurs articulaires.
Toutes les interventions ont consisté en une neurolyse ou ténolyse, suivie de la mise en place de la membrane autour des tissus libérés. Aucune intolérance ou allergie n’a été observée.
Après un délai de 2 à 11 mois, le syndrome irritatif était diminué de façon significative ou les mobilités étaient améliorées, partiellement ou totalement. Dans tous les cas, le résultat moyen du Quick Dash était inférieur à 25, sauf pour un cas où il a été évalué à 75 (sur 100) dans un cas de lésion nerveuse initiale très sévère.
Conclusion
Les auteurs rapportent les résultats préliminaires d’une étude clinique prospective afin de juger de la tolérance et de l’efficacité d’une nouvelle membrane de collagène dans la prévention des adhérences après ténolyse et/ou neurolyse. Les premiers résultats ont toujours montré une diminution significative du syndrome irritatif en cas de lésion nerveuse ou une amélioration des mobilités après ténolyse. Aucune complication n’a été observée. Dans certains cas, on peut recommander l’usage d’une telle membrane en urgence devant des lésions pluritissulaires complexes.