O Borens (Lausanne)
Les infections liées à des implants sont de plus en plus fréquentes en médecine moderne. Il est particulièrement difficile de distinguer les infections à bas bruits du descellement aseptique car la symptomatologie est très similaire. Les biofilmes sont responsables de la difficulté à diagnostiquer ces infections et également à les traiter.
Pour faire un diagnostic correct, les signes cliniques et les symptômes, les paramètres hématologiques d’infection, la microbiologie, l’histologie et les examens radiologiques sont nécessaires.
Paramètres de laboratoire :
Les globules blancs et leur différenciation ne sont pas assez discriminatifs pour affirmer ou infirmer une infection. En Europe, la vitesse de sédimentation ne s’utilise quasi plus comme moyen diagnostic. La CRP est actuellement considérée comme le paramètre le plus intéressant du point de vue sensitivité et prix.
Le contrôle des leucocytes dans le liquide synovial et la différenciation représentent un test simple, rapide et précis pour différencier une infection de prothèse d’un descellement aseptique. Les valeurs du cut-off permettent de faire le diagnostique d’une infection de prothèse. Un taux de leucocytes de >1,7 x 109/l dans le liquide synovial et une différenciation de >65% de neutrophiles ont une sensibilité de respectivement 94 et 97% en faveur d’une infection de prothèse et une spécificité de 88 et 98%.
Histopathologie :
L’examen histologique des tissus adjacents à l’implant donne une haute sensibilité au-dessus de 80% et une haute spécificité au-dessus de 90%.
Microbiologie conventionnelle :
L’aspiration préopératoire d’une collection et des cultures de tissu prélevés en intra-opératoire fournissent les spécimens les plus précis pour détecter le germe responsable d’une infection. Au moins trois spécimens de tissus doivent être prélevés pour examen microbiologique durant l’opération. Les frottis ne sont plus considérés comme adéquats en raison de leur sensibilité limitée.
L’utilisation de la sonication pour décoller des micro-organismes de la surface d’un implant explanté augmente de façon significative la sensibilité de la culture, surtout si le patient a été ou est encore sous traitement antibiotiques.
Techniques moléculaires :
Les techniques moléculaires comme la PCR peuvent également faciliter le diagnostic, surtout chez des patients sous antibiothérapie. La combinaison de deux méthodes diagnostiques nouvelles, comme la sonication avec une PCR multiplexe augmente encore de façon considérable la sensitivité et spécificité dans le diagnostic du germe responsable d’une infection.
Microcalorimétrie et spectrométrie de masse:
Toutes ces méthodes diagnostiques actuelles sont lacunaires car le diagnostique ne se fait pas en temps réel et qu’il faut 3 à 5 jours afin de connaître le germe. Les méthodes plus rapides comme la coloration de Gram viennent avec un taux de faux résultats de 50% et ne sont donc pas utilisables. Par conséquent, le développement d’outils de diagnostics rapides et précis permettant de détecter un large éventail de micro-organismes et leur résistance aux antimicrobiens devient toujours plus nécessaire.
La microcalorimétrie isotherme est une technique prometteuse permettant de mesurer la production de chaleur produite par des quantités initialement infimes de germes (1 à 10 cfu/ml). Une étude récente a montré qu’en moyenne 9 heures après prélèvement, on avait avec une sensitivité de 92% le diagnostique si une prothèse était infectée ou non.
La spectrométrie de masse est basée sur l’analyse du protéome bactérien et ne nécessite qu’un faible incolum qui ne dépend pas de la réalisation de réactions biochimique. La technique Matrix-Assisted Laser Desorption/Ionization Time-of-flight Mass Spectrometry (MALDI-TOF MS) permet d’obtenir une identification en quelques minutes, là ou des méthodes conventionnelles nécessiteraient plusieurs heures ou plusieurs jours.