J P Nguyen-Khanh (Les Sables d’Olonne)
Sur le plan biomécanique, l’analyse de la localisation des lésions amène à poser 3 questions :
• pourquoi les lésions dégénératives sont-elles majoritairement internes, alors que le genou moyen est normo-axé ?
• pourquoi les lésions dégénératives sont-elles majoritairement postérieures plutôt que antérieures ?
• les torsions des membres ont-elles une influence ?
Pour appréhender la répartition des charges entre compartiment interne et compartiment externe du genou, le chirurgien orthopédiste raisonne habituellement dans le plan frontal et en équilibre monopodal. Cet exposé est une tentative d’imagination de la répartition des charges en fonction des 3 plans de l’espace, et aussi en fonction des phases de la marche.
Dans le plan frontal, la ligne gravitaire passe non pas au centre du genou, mais en dedans du genou, à une distance du centre du genou appelée écart varisant (Thomine); cet écart varisant associé à une relative laxité du plan ligamentaire externe (et donc à une relative décoaptation du compartiment externe), explique que le poids exerce une contrainte interne prédominante, même si le genou est normoaxé.
Cette contrainte interne est augmentée si l’écart varisant augmente (genu varum) et diminuée si l’écart varisant diminue (genu valgum).
Dans le plan sagittal , la ligne de force (centre de gravité-point d’appui au sol) passe toujours au niveau ou en arrière du genou, jamais en avant du genou. Cela explique pourquoi le poids exerce une contrainte postérieure prédominante. Cette contrainte postérieure est augmentée si le genou est régulièrement soumis à des flexions importantes (plombier, carreleur etc…)
Dans le plan horizontal, la position du genou par rapport à la ligne de force dépend de l’avancée du genou au cours de la marche ( qui elle-même dépend de la rotation de la hanche) et de l’orientation du pied au sol ( laquelle dépend de la torsion du bloc jambe-pied). L’analyse des différentes configurations montre qu’une torsion externe exagérée du bloc jambe-pied diminue la contrainte interne ; une torsion interne augmenterait la charge interne, mais ce morphotype est exceptionnel ; les troubles rotatoires du fémur ont peu d’influence la contrainte interne ou externe du genou.
Nous proposons d’introduire la notion de surface varisante, qui associe dans un même schéma l’écart varisant, la flexion du genou au cours de la marche, la rotation de la hanche et l’orientation du bloc jambe-pied ; cette surface varisante permet d’évaluer l’importance de la contrainte postéro-interne.