X Ledoux (Marigot, Saint Martin)
La fracture de la diaphyse humérale concerne un os long : l’immobilisation en traction axiale continue serait, théoriquement, la meilleure option. A la différence des fractures du fémur, les masses musculaires sont moins puissantes ; mais au-delà du traitement de la douleur et de la limitation du traumatisme des parties molles, il existe un risque neurologique concernant le nerf radial.
Couramment utilisée par facilité, l’immobilisation coude au corps est un pis-aller : cette technique ne restaure pas l’anatomie, n’empêche pas la mobilisation du foyer de fracture, n’assure pas une analgésie de qualité, et ne protège pas le nerf radial.
Parmi les méthodes de traction continue classiques le « plâtre pendant » suppose que le patient puisse rester en position verticale ; la traction trans-olécranienne, méthode historique utilisée surtout chez les blessés multi-lésionnels, a été responsable de complications locales qui l’ont fait tomber en désuétude.
La technique proposée permet d’assurer l’immobilisation temporaire des fractures de la diaphyse humérale en traction axiale continue, de manière non-invasive et non dangereuse, au moyen d’une attelle simple d’emploi qui a été développée spécialement. Ce travail a été initié alors que, médecin fédéral national du Vol Libre, j’étais confronté aux nombreuses fractures de la diaphyse humérale : 28% des lésions dans les accidents d’aile delta, avec une incidence élevée de paralysies radiales. Cette méthode a ensuite été utilisée de manière systématique à l’hôpital de Moûtiers-Tarentaise, au bas du plus grand domaine skiable du monde, de 1994 à 2000 : mise en place aux urgences, l’immobilisation était maintenue de manière continue en pré-opératoire.
Cette technique d’immobilisation a été employée avec succès en pré-hospitalier (secours en montagne et sur pistes de ski) et lors du transfert de patients sur moyenne et longue distance, en ambulance terrestre, hélicoptère et avion sanitaire.
Indications : fractures de la diaphyse et/ou du col de l’humérus, à l’exclusion de toute atteinte du coude homolatéral, avérée ou simplement suspectée.
Technique :
• saisir le bras fracturé par la palette humérale et exercer une traction douce dans l’axe de la diaphyse.
• porter le coude à angle droit.
• un aide recouvre l’avant-bras de haut en bas avec un manchon triangulaire, qui permet d’exercer une traction axiale au moyen d’anneaux et d’un système de sangles réglable.
• le coude est maintenu à angle droit au moyen d’une fixation du poignet à l’épaule controlatérale ; si cette épaule ne pouvait être utilisée (fracture, plaie…) le poignet serait fixé au lit (poulie et poids) ou au brancard.
• dans un premier temps, le patient assure lui-même la traction, au moyen d’une pédale. Les patients trouvent immédiatement le bon niveau de traction, qui entraîne un soulagement complet de la douleur.