F Bonnomet, P Adam, M Ehlinger, G. Ducrot, E. Ciobanu, P Bonnevialle
(Strasbourg, Toulouse)
Le taux d’Infection de Site Opératoire (ISO) en traumatologie n’est pas parfaitement connu et moins encore l’influence des Incidents Cicatriciels (IC) tels une cicatrice inflammatoire, une désunion ou une nécrose cicatricielle ou un écoulement non purulent sur la survenue d’une ISO. Une étude prospective continue colligeant 1798 fractures a donc été menée dans le cadre de la SoFCOT. Quatre types de fractures ont été distingués :
- celles dont le siège et l’ostéosynthèse se situait près de la peau: le coude, la patella, la cheville et le pilon tibial,
- celles situées plus profondément, accessibles à un traitement à foyer fermé (diaphyse humérale, tibiale et fémorale avec pour les fémur ses 2 extrémités), en ayant l’idée complémentaire de comparer leur taux d’ISO aux traitement de ces mêmes fractures à foyer ouvert,
- celles intéressant la hanche et l’épaule, volontiers traitées par prothèse, espérant des chiffres analogues à la chirurgie réglée, en les comparant en plus à celles traitées par ostéosynthèse pour des indications analogues.
- enfin celle touchant le rachis (cervical, dorsal et lombaire) en excluant les fractures du sacrum.
Ces fractures survenues chez 1784 patients âgés en moyenne de 66 ans, ont été suivies au minimum 3 mois. En cas d’IC ou d’ISO survenue durant les 3 premiers mois, notre suivi s’est étendu sur une période d’un an. 75% des fractures colligées correspondaient à des fractures du membre inférieur.
Les 4 catégories de lésions traumatiques ont donné lieu à des taux différents d’incident cicatriciel : autour de 10% pour les ostéosynthèses près de la peau et de 5% pour le foyer fermé ou les arthroplasties, aucun pour la traumatologie du rachis.
La série prospective a compté 2,7% d’ISO pour les ostéosynthèses près de la peau, moins de 1% pour les ostéosynthèses profondes et les arthroplasties et en revanche 3,5% pour le rachis.
Le lien entre IC et ISO est évident puisque plus de 20% des IC après ostéosynthèse près de la peau et 11% de la série ostéosynthèse profonde se transforment en ISO. Ce devenir IC vers ISO, subjectivement pressenti, a été numériquement identifié par ce symposium.
En l’absence d’incident cicatriciel, le taux d’infection du site opératoire est de 2 pour mille, alors que la probabilité pour une IC d’évoluer vers une ISO est 100 fois plus élevée. La survenue d’un incident cicatriciel au cours du suivi est très significativement associée à un risque accru de développer une infection du site opératoire.
Dans notre série prospective, l’existence d’une désunion cutanée constitue LE facteur de risque d’une évolution vers l’ISO, ce passage étant signé lorsque le matériel est exposé. La tendance à une évolution vers l’ISO est manifeste lorsque l’IC survient chez un sujet de plus de 40 ans, lorsqu’un traitement antiagrégant est associé, lorsque le membre présente des lésions cutanées préexistantes et particulièrement s’il survient à l’humérus distal ou diaphysaire.