L Sedel (Paris)
Depuis maintenant 42 ans, le couple Alumine/alumine est utilisé en prothèse articulaire de hanche. Par le passé nous avons pu démontrer à partir d’études cliniques que ce couple appliqué chez des patients jeunes permettait d’assurer une qualité de résultat inégalée même si le taux de réinterventions restait relativement élevé. Les causes de ces réinterventions étant liées aux difficultés de maintenir à long terme un cotyle en céramique cimenté.
Une fixation sans ciment du cotyle par l’intermédiaire d’un métal back a été utilisé deuis 1983 et cela résolvait durablement le problème.
Ainsi des séries publiées à long terme démontrent l’absence d’ostéolyse, la qualité des résultats cliniques incluant la possibilité de pratiquer des sports, la facilité des réinterventions qui dans notre expérience porte essentiellement sur les cotyles.
Les techniques actuelles paraissent fiables. Elles comportent une coque métallique en alliage de titane rugueuse et un noyau en alumine. La série dépasse 10 ans de recul avec des survies toutes causes d’échecs confondus de 98% de survie à 9 ans. Résultats qui se maintiennent, même si nous avons observés quelques descellements plutôt liés à la pathologie en case (drépanocytose par exemple).
D’autre part nous avons réalisé de nombreuses études pour caractériser les débris retrouvés dans les tissus lors des reprises de prothèses totales en alumine ; Nous avons aussi mesuré les usures sur des pièces explantées après échecs en analysant les paramètres qui permettaient d’expliquer des usures plus marquées. Et avons été les premiers avec Jean Marie Dorlot ) à décrire les « stripe wear ».
Nous avons aussi démontré que le facteur essentiel responsable de l’usure des pièces en alumine était la qualité du matériau céramique : taille des grains et répartition, porosité.
A l’heure actuelle, on parle beaucoup de fracture, de bruits.
Le problème des fractures est réel même si les risques sont très faibles : moins de 1 sur 2000 prothèses et sur une période de 10 ans. Cependant il faut inlassablement rappeler l’importance de la qualité du matériau, sa pureté, la petite taille des grains, sur l’importance du dessin des pièces, de l’épaisseur de la céramique, de l’angle des cônes. Enfin il faut que le chirurgien évite de laisser des corps étrangers ou du tissu graisseux à la surface des cônes métalliques.
D’autre part nous restons fidèle aux têtes de taille 32 mm pour des cotyles au dessus de 50mm de diamètre.
En ce qui concerne les bruits, une étude récente nous a montré que prés de 10% des patients présentaient quelques bruits à un moment ou à un autre de l’évolution. Sur 238 patients interrogés, seuls 4 avaient des bruits perceptibles et un seul gênant ; aucune réintervention n’a été réalisée à ce jour pour ce problème. Il semble que la subluxation et l’épaisseur faible du liner soient des éléments favorisant ; une bonne conception des dessins des pièces paraît limiter leur survenue ainsi qu’un bon positionnement des composants.
La survie de ces prothèses est importante chez les patients jeunes permettant d’obtenir 91% de survie à 20 ans toutes causes d’échecs confondus. De plus une activité complète y compris physique est recommandée.