R Philippe, O Roche, Y Stiglitz, J Sedhagatian, F Sirveaux, D Molé (Nancy)
Introduction. L’infection après prothèse totale de genou survient dans 0,5 et 2,5% des cas. Le traitement peut faire appel au changement des implants, au cours d’une intervention unique ou de deux interventions successives, avec mise en place d’un spacer. Nous avons cherché à étudier l’efficacité sur l’infection des traitements en deux temps (spacer articulé) dans le cadre des infections sur prothèse totale de genou (PTG).
Patients & Méthodes. Nous avons mené une étude rétrospective incluant les patients porteurs d’une PTG et ayant fait l’objet d’une reprise pour infection en deux temps. Nous avons inclus au total 36 PTG, pour 36 patients, entre 1994 et 2004. Le recul minimum devait être de 5ans. Les patients ont bénéficié d’une évaluation fonctionnelle et radiographique. Une récidive infectieuse était considérée en présence d’un écoulement chronique ou en présence de prélèvements bactériologiques profonds.
Résultats. Nous rapportons une série de 36 PTG (23 hommes / 13 femmes). La principale étiologie ayant amené à porté l’indication prothétique était une gonarthrose tri-compartimentale.
La prise en charge pour sepsis survenait à 2,4 ans en moyenne de l’arthroplastie. 25 patients ont pu être recontactés. 7 patients étaient décédés d’une cause autre et 4 étaient perdus de vue. Chez 7 patients, il s’agissait d’un sepsis sur un changement prothétique. Le recul moyen était de 6,8 ans. En préopératoire, selon la classification de Devanne, 30 patients étaient Devanne 2 ou 3, et 3 patients Devanne 1 et 3 patients Devanne 4. Le score KS radiographique préopératoire au fémur retrouvait en moyenne 1,7 mm d’épaisseur de liséré majoritairement en zone 1 et 4, au tibia, le liseré était en moyenne de 1,81 mm d’épaisseur, majoritairement en zone 1 et 4. Les germes retrouvés étaient dans 2/3 des cas des Staphylococcus et pour moitié des Staphylococcus epidermidis ou aureus. Une bi-antibiothérapie était réalisée en moyenne pendant 3 mois.
Le 2ème temps opératoire survenait en moyenne 109 jours après la 1ère intervention. Le score de Devanne avait évolué favorablement avec 32 patients Devanne 1 ou 2. La réimplantation faisait appel dans tous les cas à une prothèse de révision avec utilisation de quilles fémorale et tibiale. Dans 28 cas, les prélèvements per-opératoires réalisés au cours du 2ème temps étaient stériles à 15jours.
Au recul final, nous avons recensé sur la série 10 récidives infectieuses. Le score HSS des patients considérés comme guéri était en moyenne à 65,8. Le score KS global était de 112.7 en moyenne avec un score fonction moyen de 45 et un score Genou de 67,7. Le score KS radiographique retrouvait au fémur des lisérés majoritairement en zone 1 et 4 et au tibia en zone 1, 6, 3 et 4.
Discussion – Conclusion. Notre série de reprise de PTG, dans le cadre spécifique des infections prothétiques, rapporte des résultats semblables à la littérature. L’utilisation d’un spacer articulé permet de conserver une mobilité articulaire afin d’améliorer la fonction du genou après réimplantation.
Le taux de récidive infectieuse semble similaire au taux des reprises en 1 temps.
La prise en charge d’une infection sur prothèse doit être une prise en charge spécifique, multidisciplinaire, et adaptée au patient.