S. Teyssédoua, M. Sageta, R. Prébetb, M. Grau-Ortiza, T. Vendeuvrea, L.E. Gayeta (Poitiers, Trelaze)
Introduction. – La cyphoplastie consiste à obtenir un renforcement de la colonne antérieure de la vertèbre par du ciment après avoir restaurer son anatomie par l’action de ballonnets. De nombreuses publications ont prouvé l’intérêt de cette technique percutanée dans le traitement des tassements vertébraux ostéoporotiques et malins. Le but de notre étude était d’en effectuer une évaluation clinique et radiologique dans les fractures traumatiques du sujet jeune et d’en préciser les indications.
Matériel et méthode. – Nous avons inclus les patients présentant une fracture traumatique en compression du rachis thoracolombaire traitée par cyphoplastie seule. Le choix du ciment acrylique ou phosphocalcique a été fait en fonction de l’âge. Une évaluation clinique (EVA, Oswestry, reprise de l’autonomie), radiologique (cyphose vertébrale) et scannographique (variation de hauteur du corps vertébral) a été réalisée pendant 12 mois. L’analyse radiologique a été réalisée à l’aide du logiciel Spineview à partir de radiographies numérisées.
Résultats. – 64 patients ont été inclus durant 20 mois. La moyenne d’âge au moment de la chirurgie était de 42,6 ans. Les principales indications étaient les fractures de L1 type A.1 de Magerl. La durée moyenne d’hospitalisation était de 3 jours. Nous avons noté 18% de fuites extra-corporéales de ciment, aucune n’ayant de retentissement clinique. A 1an, l’EVA au niveau lésionnel passait à 0,6 (1-3), contre 5,5 (3-8) en préopératoire et 92% des patients actifs avaient repris leur activité professionnelle. La cyphose traumatique passait de 13,2° (5-23) avant traitement à 8,2° (1-20) au dernier recul. Le gain de correction absolu était significativement plus important pour les fractures type A.3 (6,1° +/- 4,9), où la CV initiale était plus importante, que pour les fractures type A.1 (4,2° +/- 5,2). La perte de correction intervient majoritairement au cours des 45 premiers jours et est plus importante dans les cyphoplasties au ciment phosphocalcique.
L’étude scannographique retrouvait un gain de hauteur significatif dans les parties antérieures et moyennes du corps vertébral avec un maximum au centre de la vertèbre (+11,4%).
Discussion. – Le taux de complication est faible (3/64) et aucune n’est directement imputable au ciment. Les résultats radiologiques obtenus sont comparables à ceux retrouvés dans la littérature pour d’autres séries avec chirurgie percutanée. La perte de correction significative observée dans les cyphoplasties au ciment phosphocalcique pourrait nous amener à y associer systématiquement une ostéosynthèse percutanée. L’utilisation de la fluoronavigation, permettrait de réaliser la cyphoplastie en réduisant l’exposition aux radiations auxquelles l’opérateur est soumis lors de la procédure. Cette étude doit être poursuivie sur le long terme afin de dépister l’apparition de discopathies liées aux fuites de ciment et de répondre aux questions sur le devenir du ciment.
Conclusion. – La cyphoplastie permet une restauration stable et durable de l’architecture vertébrale tout en autorisant une reprise précoce des activités. Elle constitue une alternative intéressante dans le traitement des fractures vertébrales en compression du sujet jeune.