003. Modularité fémorale et échec d’un nouveau concept : à propos de 5 cas de rupture d’implant - Modularfemoral stem and failure of a new concept : a five cases report

Ph Oger( Versailles)


Introduction :
L’obtention d’un réglage précis du bras de levier des muscles péri articulaires de la hanche peut-être difficile dans certaines configurations anatomiques telles que coxa vara ou coxa valga. L’utilisation d’implants modulaires peut permettre de s’affranchir de la réalisation d’une trochantérotomie. Nous rapportons notre expérience des complications mécaniques d’une tige modulaire dans des indications complexes.
Matériel et méthodes : la tige Modulys 2 (ASTON) cimentée, est en acier inox poli brillant (ISO 5832.9). Elle est constituée d’une partie fémorale de dessin CMK 1 avec une platine sur laquelle est implanté un cône male. L’épiphyse comportant un cône femelle est déclinée en version coudée (correction d’angle 7°) ou droite permettant un angle CCD de 130°. Les largeurs d’épiphyse s’échelonnent de 34 mm à 46 mm.16 patients ont été opérés (mai 2007 à décembre 2009). Il s’agissait de coxarthroses avec une morphologie en coxa vara. Toutes les épiphyses sauf une étaient coudées pour donner un angle CCD de 123°. Les tiges fémorales étaient dans 10 cas des séries 3-2, 3 cas 3-1et 2 cas 2-1, 1 cas 4-1.

Résultats:
5 ruptures d’implant vont survenir entre janvier 2010 et avril 2011 soit 28 à 33 mois après l’implantation. Une notion traumatique concomitante de la rupture sera retrouvée dans un cas. L’IMC était mesuré à 22, 27, 28, 34 et 37. Les tiges étaient 2 tailles 3-1, 2 tailles 3-2 et une taille 4-1. Les épiphyses coudées avaient une largeur de 38 mm dans 3 cas et 34 mm dans 1 cas. L’épiphyse droite utilisée avec la tige 4-1 avait une largeur de 34 mm. L’analyse des explants retrouvait systématiquement une rupture au niveau de la base du cône male. Tous appartenaient au même lot. Tous les patients ont étés réopérés dans le service, par la voie d’abord initiale (Rottinger) à l’exception d’un cas repris par une trochantérotomie et d’une trochantérotomie d’opportunité en raison d’une pseudarthrose trochantérienne post traumatique. Des complications ont été observées: deux instabilités avec luxations itératives amenant à 2 changements de cotyle pour une double mobilité, associé pour un cas au traitement de la pseudarthrose du grand trochanter.

Discussion :
Quel que soit son type, la modularité implique un risque de fragilisation des implants ou de corrosion au niveau des zones de jonction. Les tests de résistance effectués en laboratoire ont concerné les configurations les plus défavorables (épiphyse la plus large varisée, tige série 2). Ils n’ont pas montré de fragilité anormale à plus de 5 M de cycles. Toutes les ruptures sur Modulys 2 sauf une ont concerné des configurations varisées. L’analyse des explants a également montré un défaut d’impaction du col de 0.5 mm. L’impaction ne se faisant pas dans l’axe du cône semble être un risque important. L’IMC n’est pas apparu comme un facteur péjoratif majeur car très élevé uniquement dans 2 cas.

Conclusion :
Dans cette série la modularité fémorale a permis de bien restituer l’anatomie de la hanche mais au prix d’un risque mécanique qui apparaît inacceptable et a entraîné un retrait immédiat de l’implant du marché après déclaration de matériovigilance

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