P. Hernigou (Créteil)
Schématiquement, trois méthodes peuvent être utilisées pour régler la rotation du composant fémoral : les repères osseux classiques; la tension donnée aux espaces qui permet d’équilibrer les ligaments latéraux et d’orienter la rotation de l’extrémité inférieure du fémur avant d’effectuer une coupe parallèle à celle du plateau tibial sur un genou fléchi; la technique par navigation se basant sur le « bone morphing » (ou sur un scanner pre-operatoire).
Matériel et méthode : La même équipe chirurgicale a utilisé pendant la même période ces trois techniques chez 45 patients. Les patients ont eu un scanner pré et post-opératoire pour évaluer la rotation du composant fémoral.
La technique opératoire a cherché à reproduire pour la prothése la rotation du plan condylien postérieur preoperatoire. Les résultats sont donc évalués par la différence angulaire entre l’orientation post-opératoire de la pièce prothétique et à l’orientation initiale du plan condylien postérieur. Les prothèses étaient identiques (Cerever osteal France)
Résultats : Lorsque les résultats sont analysés globalement pour les genu varum et les genu valgum post-opératoire, la technique qui reproduit le mieux la rotation est la navigation avec le « bone morphing » , l’écart entre le post-opératoire et le pré-opératoire étant en moyenne que de 2° +/- 4°. Les résultats obtenus avec les repères osseux sans navigation ou avec la technique des espaces sont significativement (p < 0.05) différents (respectivement 4° +/- 5°, et 7° +/- 10°). Lorsqu'on analyse les résultats, en séparant les genu varum et les genu valgum pré-opératoires, les résultats apparaissent différents. Pour le bone morphing et la navigation assistée par ordinateur, la reproductibilité de la rotation est meilleure pour les genu valgum ( 1° +/- 3°) que pour les genu varum (3° +/- 5°). Il en est de même pour la technique utilisant les repères osseux sans la navigation. A l'inverse, pour la technique des espaces, la reproduction de la rotation est meilleure dans les genu varum (3° +/- 5°) que dans les genu valgum (9° +/- 14°). Discussion et conclusion : Cette étude ne préjuge ni des résultats cliniques, ni des résultats sur l'orientation des composants fémoraux et tibiaux ou sur la goniométrie post-opératoire. Elle attire simplement l'attention sur la reproductibilité de la rotation selon la technique utilisée et le morphotype du patient (genu varum et genu valgum). L'explication réside sans doute dans le fait que le morphotype en varus ou valgus, l'équilibre ligamentaire et la rotation du composant fémoral sont indirectement liés entre deux.