Dr Jérémy Besse, Jean-Yves Jenny, Yann Diesinger, Laurent Bund, Jeannot Gaudias, Cyril Boeri (Strasbourg)
Introduction :
Le risque infectieux d’une intervention de changement de prothèse articulaire est supérieur à celui d’une primo-implantation en raison de la durée supérieure de l’intervention. Ceci est également vrai pour les changements de prothèse pratiqués pour infection. Une étude préalable a montré que les échecs infectieux après cette intervention pouvaient être dus pour moitié à l’acquisition d’un nouveau germe, et donc à une nouvelle infection acquise lors de la réintervention. Or ces réinterventions se font classiquement sans antibioprophylaxie, accusée de négativer potentiellement les prélèvements bactériologiques. Nous avons voulu tester l’hypothèse suivante : la pratique d’une antibioprophylaxie classique avant changement de prothèse articulaire pour infection ne négative pas les prélèvements bactériologiques peropératoires.
Matériel :
51 patients ont été opérés pour changement de prothèse de hanche ou de genou pour infection pendant la durée de l’étude. Il s’agissait de 19 hommes et 31 femmes, d’un âge moyen de 71 ans. Le diagnostic d’infection de la prothèse était posé avant l’intervention sur les critères cliniques, radiologiques et bactériologiques classiques. Une éventuelle antibiothérapie préalable était arrêtée au moins deux semaines avant l’intervention. Les patients ont été répartis en deux groupes consécutifs : groupe 1 : pas d’antibioprophylaxie (26 cas) ; groupe 2 : antibioprophylaxie classique débutée 30 minutes avant l’incision (25 cas). L’antibiothérapie était débutée après réalisation des prélèvements profonds. Les résultats des prélèvements profonds ont été analysés (résultat positif ou négatif, correspondance éventuelle avec les prélèvements préopératoires). Le résultat sur le traitement de l’infection a été analysé avec 6 mois de recul.
Résultats :
Les prélèvements bactériologiques peropératoires étaient positifs dans 24 cas du groupe 1 et 23 cas du groupe II (NS). Les résultats bactériologiques peropératoires étaient concordants dans tous les cas. 22 patients du groupe 1 et 21 patients du groupe 2 ont été considérés comme guéris de leur infection à 6 mois de recul (NS).
Discussion :
L’absence d’antibioprophylaxie lors d’un changement de prothèse de hanche ou de genou pour infection pourrait augmenter le risque d’infection postopératoire. L’antibioprophylaxie pourrait être accusée à tort de négativer les prélèvements bactériologiques peropératoires, par extrapolation non fondée de la situation après antibiothérapie. Nous suggérons de pratiquer une antibioprophylaxie conventionnelle lors des changements de prothèse de hanche ou de genou pour infection.