C Dumontier
Baie Mahault, Guadeloupe
Le grand nombre de techniques décrites depuis 1933 (> 10) montre qu’aucune n’est supérieure à une autre. Par ailleurs, en 2011, le groupe Cochrane pouvait écrire: «Il n’existe pas d’éléments pour favoriser ou décourager un traitement chirurgical du tennis elbow en l’absence de preuves scientifiquement valides de son intérêt et aucun traitement chirurgical n’a prouvé sa supériorité.»
La technique de débridement et réinsertion tendineuse a été publiée par Nirschl en 1979 et elle reste la plus employée. Le débridement de l’épicondyle, zone d’insertion de l’enthèse, est souvent réalisé car il apporterait un effet de dénervation et ajouterait, par le saignement induit, un effet facilitateur de la cicatrisation, bien que cette notion soit discutée, Khashaba montrant au contraire un caractère délétère. Dans la série de Nirschl, 88 patients sur les 1213 suivis ont été opérés (7 %) avec 66 excellents et 9 bons résultats (85 %), 11 moyens (12,5 %) et 2 mauvais (2 %) ; 85 % des patients ont pu reprendre une activité physique soutenue. Ces résultats ont été reproduits par Jobe en 1994 avec 85 à 90 % des patients capables de reprendre la même activité qu’avant l’intervention. Cependant, 36 % étaient gênés pour porter des objets lourds, et tous avaient un déficit des tests isocinétiques. Récemment, Nirschl a rapporté son expérience de 92 coudes chez 130 patients avec plus de 10 ans de recul; patients (un tiers) avaient eu un autre geste chirurgical associé ; 84 % de bons résultats et 93 % de reprises sportives ont été notés, avec un maintien des bons résultats initiaux.
La simple désinsertion du court extenseur radial du carpe ± celle de l’extenseur commun des doigts de l’épicondyle a été proposée dès 1927 par Hohman, avec d’excellents résultats à long terme. Verhaar a publié en 1993 une étude prospective chez 57 patients, suivis au moins 5 ans; 47 (76 %) étaient peu ou pas douloureux un an après la chirurgie. À 5 ans, ils étaient 52 (91 %). Les résultats étaient excellents chez 20 patients à un an (32 %), chez 32 patients (56 %) à 5 ans. L’exploration de l’articulation n’est pas systématique selon les auteurs, mais elle permet de dépister une éventuelle lésion intra-articulaire qui sera traitée dans le même temps. La libération du nerf radial est souvent associée aux deux techniques précédentes. Une étude personnelle n’a pas montré de bénéfices à ce geste complémentaire chez plus de 80 patients.
La désinsertion peut également être faite en percutanée. Trente-deux des 37 coudes (91,4 %) traités par désinsertion percutanée avaient un excellent résultat obtenu en 6 semaines dans la série initiale de Baumgard. Vingt-six des 32 coudes traités par Grundberg avaient un excellent résultat (absence de douleur, retour au travail) obtenu en un peu plus de 2 mois. La force récupérée était à 90 % de celle du côté controlatéral. Dunkow a conduit une étude prospective randomisée et conclu que la libération percutanée donne des résultats supérieurs à ceux du traitement chirurgical à ciel ouvert mais cette étude comporte quelques biais qui rendent les conclusions moins pertinentes. Ces résultats satisfaisants contrastent avec ceux de Yerger qui, sur 149 coudes traités (en consultation), avait obtenu une amélioration sur la douleur dans 70 % des cas en 3 mois, dans 20 % des cas entre 3 et 6 mois. Notons aussi que, sur une série de 35 récidives de tennis elbow, Organ a rapporté que 25 des patients avaient eu une libération percutanée…
Les autres techniques sont moins utilisées : plastie d’Anconé, surtout dans les reprises, allongement à l’avant-bras des tendons des radiaux, ou dénervation de l’épicondyle.
Le membre est ensuite immobilisé pour 1 à 3 semaines selon les auteurs. La reprise des activités professionnelles et/ou sportives est autorisée entre le 2e et le 4e mois selon les séries. Les séries publiées rapportent entre 70 et 90 % d’amélioration ou de guérison se maintenant à long terme mais des douleurs persistantes sont fréquentes.