J. Sudrial (Saint Denis, La Réunion)
Introduction : Les courses d’ultra-trail représentent un véritable traumatisme pour l’organisme humain, générant un syndrome inflammatoire comparable à un sepsis. Très peu d’études ont exploré à ce jour les troubles métaboliques induits par ces courses. Dans ce travail, nous avons cherché à dresser un tableau des perturbations et carences biologiques pouvant survenir au décours de ces épreuves, en s’intéressant tout particulièrement au sélénium, dont la supplémentation est indiquée en situation de sepsis.
Matériels et méthodes : Une étude prospective portant sur 115 coureurs de la diagonale des fous 2014 a été réalisée. Sur un mois, ils ont fait l’objet de 4 prélèvements sanguins (la veille de la course, à l’arrivée, puis 7 et 28 jours après le départ) et de 3 questionnaires. L’objectif principal était de mesurer l’évolution du taux de sélénium entre la veille de la course et J28. L’objectif secondaire était d’établir des corrélations entre l’échelle de fatigue et certains métabolites.
Résultats : Sur 106 volontaires inclus, 18% étaient des femmes et 35,8% ont été finishers. Les temps de courses allaient de 2h20 à 62h21 min. Le taux de sélénium décroit significativement à J1 (-12,5%, p<.0001), jusqu’à J28 (-15,5%, p<.0001). Le taux de sélénium de J0 est corrélé avec le fait d’être finisher ou non et celui de J1 à l’échelle de fatigue. Par ailleurs, les taux de vitamine B12 et de zinc sont corrélés respectivement à la réussite de l’épreuve et à la fatigue à J1. Aucun trouble ionique n’est rapporté.
Discussion : Le sélénium semble prédictif de la réussite à l’ultra trail et un marqueur de fatigue intéressant. C’est également le cas du zinc et de la vitamine B12. Des études complémentaires évaluant l’impact d’une supplémentation en ces éléments au cours d’un ultra-trail permettraient de préciser ces données, de mieux comprendre les processus physiologiques mis en œuvre lors d’un effort de longue durée et de guider le cas échéant de futures stratégies nutritionnelles.
Introduction : The ultra-trail races are a real trauma for the human body, leading to an inflammatory syndrome comparable to a sepsis. Very few studies have explored so far metabolic disorders induced by these long distance races. We therefore performed a study to make a picture of the biological disturbances and deficiencies that may occur during this kind of these races, with special interest in selenium, whose supplementation is indicated in situations of sepsis.
Materials and Methods : We performed, at the “diagonale des fous” 2014, a prospective study of 115 runners that we followed during a month. We realized four blood samples (the day before of the race, at the finish, 7 days and 28 days after departure) and 3 questionnaires. The main objective was to measure the evolution of selenium levels between the day before the race and D28. The secondary objective was to correlate the level of fatigue and selected metabolites.
Results : 106 volunteers were included. 18.1% were women, 35.8% were finishers. Race times ranged from 2h20 to 62h21 mn. The selenium levels significantly decrease at D1 (-12.5%, p<.0001), until D28 (-15.5%, p<.0001). Selenium levels at D0 are correlated with being finisher or not and D1 levels are correlated with fatigue. Furthermore, vitamin B12 and zinc levels are correlated respectively to the success of the race and fatigue to D1. No ionic disorder is reported.
Discussion : Selenium seems to be predictive of success in ultra-trail and an interesting fatigue marker. This is also the case of zinc and vitamin B12. Further studies evaluating the impact of the supplementation of these elements in an ultra-trail would clarify these data, to better understand the physiological processes involved in a long-term effort and guide any future nutritional strategies.