L. Galois (Nancy)
Les prothèses à plateau mobile (PTG PM) sont utilisées depuis une trentaine d’années et ont vu leur conception progressivement évoluer. Elles présentent des avantages théoriques séduisants : diminution de l’usure du polyéthylène, du risque de descellement, de l’incidence des complications fémoro-patellaires et amélioration de la fonction et de l’arc de flexion mais leur réelle plus-value en pratique courante reste encore discutée.
Les atouts présentés ci-dessus sont contrebalancés par les inconvénients théoriques suivants : augmentation du risque d’usure du polyéthylène par l’adjonction d’une deuxième surface de frottement entre l’insert en polyéthylène et le tibia et le risque spécifique de luxation de l’insert mobile voire de luxation fémoro-tibiale vraie. Différentes mobilités de l’insert en PE tibial sont décrites (mouvement rotatoire, mouvement de translation et mouvement rotatoire associé à une translation) avec différents systèmes de guidage du plateau mobile (plot non rétentif, plot inversé, plot rétentif, rails…) qui influent sur la mobilité et également sur la luxabilité du plateau mobile. Le taux de luxation des PTG PM varie de 0.9 à 4% dans la littérature.
Un défaut d’équilibrage ligamentaire dans le plan frontal représente la principale situation à risque avec les grandes déformations axiales, l’insuffisance du système extenseur ou encore un plateau tibial implanté en rotation latérale excessive. L’analyse comparative de ces prothèses fait intervenir de nombreux paramètres : niveau de congruence, degré de liberté, niveau de contrainte transmis aux implants… Il existe une hétérogénéité liée au type de congruence, de mobilité autorisé et au traitement réservé au LCP (conservation ou sacrifice). En matière de mobilité du plateau tibial des PTG à glissement, les données de la littérature en matière de survie des implants ne montrent pas de différence significative dans une méta-analyse sur les complications postopératoires à type de luxation ou d’usure de l’insert en polyéthylène.
Seules les données comparatives du registre australien font état d’un risque de reprise supérieur pour les prothèses à plateau mobile par rapport aux plateaux fixes. L’évaluation des implants à plateaux mobiles est rendue délicate en raison de l’évolution des technologies qui ont vu de nombreuses modifications proposées au fil des années. Seule une évaluation dans la durée pourra permettre d’évaluer précisément les intérêts et inconvénients de chacune de ces prothèses ce qui fait défaut actuellement.