Mapouka M, Tékpa BJD, Issa Mapouka PA, Ngouyombo UCS, Dibert Bekoy EY, Gaudeuille A. (Bangui)
Introduction : Une définition uniforme de la pseudarthrose n’existe pas. Elle se définit comme une absence de consolidation, six à neuf mois après la fracture [1]. Récemment cette définition a été reconsidérée, ne tenant plus compte du facteur temps. Ainsi donc, on nomme pseudarthrose, la fracture qui, pour une raison biologique ou mécanique n’aboutira pas à une consolidation osseuse spontanée [1-3, 5]. Les pseudarthroses constituent la principale complication tardive des fractures diaphysaires de l’humérus [2-4]. Elles représentent environ 5% à 10% de toutes les fractures [5-7].Elle est classée selon la vitalité de l’os [8]. Le site fréquent est le tiers moyen de l’humérus [4, 6, 7, 9, 10].Le traitement de la pseudarthrose de l’humérus constitue un challenge pour le chirurgien. Ce traitement varie selon le type de pseudarthrose [9].
Les pseudarthroses de la diaphyse humérale sont fréquentes dans notre service. Nous nous proposons de réaliser cette étude dont l’objectif était d’évaluer le résultat de notre prise en charge par décortication ostéo-musculaire selon Judet [12].
Hypothèse : La décortication ostéo-musculaire conditionne la consolidation osseuse ?
Patients et méthodes : Entre 2011 et 2015, une étude prospective portant sur les pseudarthroses diaphysaires de l’humérus était réalisée dans l’unique service d’Orthopédie-Traumatologie de Bangui. Tous les types de pseudarthrose septique ou aseptique, hypertrophique ou atrophique étaient étudiés [11]. Les patients consentant au traitement, suivis et évalués au recul minimum de 12 mois était inclus. Les perdus de vue et les localisations métaphyso-épiphysaire étaient exclus.
Les patients étaient évalués au plan fonctionnelle en pré et postopératoire avec lescore de Stewart et Hundley [13].Tous les patients ont été opérés par décortication ostéo-musculaire pour les formes hypertrophiques (vitales).
Le diagnostic de la pseudarthrose était clinique et radiologique. Pour cette étude, les pseudarthroses hypertrophiques étaient traitées par décortication sans apport de greffon osseux, les pseudarthroses atrophiques étaient aussi traitées par la même procédure mais avec apport de greffon osseux. Pour les formes septiques, un débridement avec avivement des berges était réalisé.
Seules les pseudarthroses aseptiques bénéficiaient d’une ostéosynthèse interne. L’infection du site opératoire était recherchée. La consolidation osseuse était affirmée cliniquement devant l’absence de mobilité du foyer et son indolence et radiologiquement par l’apparition d’un cal mûr.
Résultats : L’étude avait inclus 50 patients (37 hommes et 13 femmes) âgés en moyenne de 41,6 ans (extrêmes 22 et 75 ans). Le diagnostic des pseudarthroses de l’humérus était posé en moyenne 8,62 mois (extrêmes de 6 et 9 mois). Les pseudarthroses étaient hypertrophiques (vitale) dans 47 cas (94%) et atrophiques (avitale) dans 3 cas (6%). Seule, une pseudarthrose était septique. L’ostéosynthèse après la cure utilisait la plaque vissée dans 43 cas (86%), l’embrochage dans trois cas (6%) et le fixateur externe dans un cas (2%). Le greffon iliaque était utilisé dans 15 cas (30%). Les complications post opératoires étaient marquées par une infection (2%) et un démontage (2%). Tous les patients avaient consolidé. Le délai moyen de consolidation était de 17,2 semaines (extrêmes : 10 et 22 semaines). Le recul était de 19.46 mois en moyenne (extrêmes de 12 et 24 mois). Nos résultats fonctionnels selon Stewart et Hundley étaient très bon dans 70%, bon dans 26%, assez bon dans 4% des patients alors que ce score était mauvais chez tous les patient en préopératoire.
Discussion : La prédominance masculine était aussi observée dans les études antérieures [7,14-18]. Le délai moyen de diagnostic était similaire à celui de plusieurs auteurs [14-18,24]. Les formes hypertrophiques dominaient par absence d’une immobilisation adéquate. Le mode de traitement utilisé était une décortication ostéo-musculaire [12]. L’apport du greffon iliaque n’était pas systématique. La plaque vissée était le type d’ostéosynthèse le plus utilisé [4,7,10, 14,20,23,24]. Seule une pseudarthrose infectée a été traitée par un fixateur externe [9,21,24]. Tous nos patients avaient consolidé avec un délai de consolidation similaire à ceux de plusieurs auteurs [9,21,24]. Par ailleurs, nous avons retrouvé une infection du site opératoire traitée par un débridement qui a permis l’assèchement du foyer [4,7]. Un démontage du matériel a été repris au bloc opératoire avec succès. Nos résultats on été satisfaisants en post opératoire au plan fonctionnel. Les autres travaux ont obtenus des résultats similaires [6, 10, 16, 18].
Conclusion : La décortication ostéo-musculaire proposé par Judet associés à une ostéosynthèse par plaque vissée constitue le mode efficace dans la prise en charge des pseudarthroses de l’humérus. L’apport du greffon n’est pas systématique sauf en cas de pseudarthrose non ostéogénique ou en cas de defect osseux.