Ch Belli, JL Granjean (Papeete, Tahiti, Polynésie Française)
La Polynésie se distingue entre autres par le taux d’obésité le plus important du monde devant les USA. Une des conséquences est un taux particulièrement élevé d’épiphysiolyse de hanche.
Notre expérience repose sur plus de 200 EPH traitées en mono opérateur sur 25 ans. La découverte est souvent tardive pourtant l’équation suivante devrait inciter au diagnostic et à la recherche systématique. Age X 10 = le poids du patient = épiphysiolyse de hanche ou souffrance du cartilage de croissance pour le moins….
Nous ne reviendrons pas sur les différentes techniques proposées depuis très longtemps qui ont en commun de tenter de repositionner la tête à foyer ouvert (Dunn) , ou de modifier l’orientation de l’ensemble col /tête Compère Lagrange. Le vissage à foyer fermé in situ est aussi programmé mais il correspond à une logique d’ostéosynthèse pour adulte qui vise à bloquer la tête à son niveau de déplacement en prenant la meilleure prise possible donc axiale dans la tête.
Notre approche est totalement différente. Partant du principe qu’il reste du capital de croissance nous effectuons une arthrodèse antérieure par un vissage qui à priori paraît non centré pour bloquer la croissance antérieure et profiter du relicat de croissance postérieure pour redresser progressivement la tête fémorale dans l’axe du col.
Nous détaillons la technique qui se passe sur table orthopédique simplifiée sans appui périnéal, inutile et même nuisible à la bonne visualisation de la hanche de profil. La réduction s’effectue par rotation interne forcée, Ceci, outre la réduction autant que possible, entraine une compression antérieure du cartilage de croissance qui participe à l’épiphysiodèse antérieure. Nous visons délibérément la partie antérieure du cartilage de croissance ce qui heurte la vision « mécanique « de la stabilisation. Une seule vis suffit! Le patient est ensuite maintenu au lit et les seuls déplacements autorisés sont en fauteuil à roulettes sans support de jambe pour que le membre inférieur lutte contre la rotation externe.
Nous présentons ainsi quelques exemples de rotation externe préopératoire qui se régularisent progressivement en quelques semaines après ce vissage en ESA. L’appui est autorisé à la 6 semaines. Le repos ainsi forcé fait que le nombre de vissage préventif et de bilatéralisation est particulièrement bas. En effet nous pensons que la marche en appui déchargé du coté opéré entraine un surcroit de travail pour la hanche initialement saine ce qui la précipite dans l’épiphysiolyse. Pour le cas particulier du stade 4 vu trop tard, nous restons fidèle à cette approche, reportant la correction de la rotation externe en flexion quand la hanche est mature pour faire une ostéotomie sous trochantérienne de dérotation. L’utilisation à ce moment-là du clou gamma permet de faire ce geste quasiment à foyer fermé chez un obèse morbide.
La seule nécrose que nous observons dans notre série est préalable au vissage.
A notre connaissance, nous ne déplorons qu’un démontage sur mouvement forcé d’un coach sportif, l’autre sur des manœuvres de kiné non prescrites…