D Monconduit (Papeete, Tahiti, Polynésie Francaise)
Le silence est l’intimité de la culture polynésienne traditionnelle. Le silence polynésien a de nombreuses dimensions. Il n’y a pas un silence mais une dynamique du silence. Il s’inscrit dans un rapport au monde, au verbe, au savoir. Le silence contient, il n’est en rien un vide ou une absence au monde. Le silence polynésien a une place, un rôle, un sens. Il est à entendre et à comprendre. Le silence polynésien face à la douleur est source de « mal entendus ». Ne pas se plaindre ne signifie pas une absence de vécu de la douleur mais un face à face intériorisé aux multiples enjeux. La douleur est à un carrefour de représentations : celles des forces du monde, de l’adversité, de la faute, du corps. Le malentendu majeur est de croire en l’effacement de ces représentations traditionnelles. La douleur peut toujours avoir un caractère vivant, exister en tant qu’entité adverse intériorisée comme le démontrent de récents faits d’actualité.
Mais le silence polynésien s’est complexifié avec le choc des épidémies meurtrières imposant les forces surnaturelles chrétiennes. Quelle tension à l’histoire contient le silence polynésien d’aujourd’hui face au mal ?
Silence is the intimacy of traditional Polynesian culture. Polynesian silence has many dimensions. There is not a silence but a dynamic of silence. It is part of a relationship to the world, to the word, to knowledge. Silence contains, there is nothing empty or an absence in the world. Polynesian silence has a place, a role, a meaning. He is to hear and understand.
Polynesian silence in the face of pain is a source of « misunderstanding ». Not to complain does not mean an absence of experience of pain but a face to face internalized multiple issues.
Pain is at a crossroads of representations: those of the forces of the world, of adversity, of fault, of the body. The major misunderstanding is to believe in the erasure of these traditional representations. Pain can always have a living character, exist as an internalized opposing entity, as recent events have shown.
But the Polynesian silence became more complex with the shock of deadly epidemics imposing Christian supernatural forces. What tension does the story contain today’s Polynesian silence in the face of evil?