JL Rouvillain, G Tagland, JL Moyat
(Fort de France, Strasbourg, Reims)
Le premier enclouage diaphysaire sur une fracture du fémur a été réalisé par le docteur Gerhardt Kuntscher en 1939 à Kiel en Allemagne. Si au début ses collègues et l’université était contre ce procédé, la guerre a permis sa diffusion pour traiter les blessés de l’armée allemande. Mais à cause de la guerre, cette technique n’a pas pu se diffuser sauf en Finlande et à Strasbourg où la première thèse a été faite en 1946 par le docteur G Pfister. De nombreux prototypes ont été réalisés avec la collaboration de son technicien Monsieur Breske. Son idée était d’obtenir un enclavement dans le canal médullaire par une élasticité transversale initiale permise par la fente postérieure complète et le diamètre trifolié des clous.
Mais la tenue de ces clous était insuffisante pour les fractures proximales, distales et comminutives.
Une recherche de plus de stabilité a donc été entreprise en particulier en augmentant le diamètre du clou ce qui a conduit à la réalisation à partir de 1957 de l’alésage au départ sur le chien, avec son ingénieur E Pohl. D’autres chirurgiens ont essayé d’améliorer cette stabilité comme Decoulx, Zuckman, Butel. Schvingt et Babin publient leurs premiers résultats sur la Revue de Chirurgie Orthopédique en 1976. Mais ce n’est qu’à partir de 1970 qu’il met au point le prototype du clou verrouillé « Detensionsnagel ». Il meurt en 1972 et ses idées sont reprises par ses collaborateurs K Klemm et WD Schellmann qui communiquent leurs résultats au congrès de traumatologie de Berlin en 1973. Était présent à ce congrès le Professeur Yvan Kempf, qui à son retour à Strasbourg, pousse son équipe à développer ces principes. En 1976 le Docteur Arsène Grosse avec le groupe de recherches en biomécanique articulaire de Strasbourg font les premiers essais du clou verrouillé. C’est la naissance du clou verrouillé de Grosse et Kempf.
En mars 1981, E Van Branden de Howmedica organise la visite de 11 centres en Europe pour Bruce Browner, tout jeune chirurgien américain. Celui-ci est impressionné par l’équipe de Strasbourg, conquit par le clou GK, revient en implantant le premier clou GK à Houston en 1982.
À noter qu’à cette époque aussi bien en France qu’aux États-Unis les fractures du fémur étaient traité par traction pendant six semaines puis plâtre Spica pendant trois à quatre mois. Les fractures du tibia étaient traitées par traction et plâtre cruropédieux ou fixateur externe de Hoffmann ou plâtre de Sarmiento. Les plaques n’étaient pas encore de diffusion courante.
Howmedica décide alors, en 1982, d’équiper 6 centres américains avec le clou GK. La première présentation des résultats de ces enclouages à foyer fermé a été présenté à l’AAOS en 1984. Mais au congrès de l’AAOS à New Orleans, en 1986, aucun stand ne présentait de clou !
Ce n’est qu’après 1986 que l’enclouage verrouillé à foyer fermé avec le clou GK a pu se diffuser largement