B. Baillon, S. Sobczak, P. Salvia, M. Rooze (Bruxelles)
Effect of femoral torsion on knee kinematic and femoro-tibial constraint
La déformation fémoro-tibiale dans le plan frontal est un facteur favorisant bien connu de la gonarthrose latéralisée. Des interventions chirurgicales visant à corriger les déformations frontales et donc à recentrer la charge par rapport au genou ont été proposées. Cependant, malgré l’application d’une correction postopératoire satisfaisante, il existe une détérioration à long terme des résultats cliniques et radiographiques. De plus, diverses observations s’opposant à la théorie biomécanique dans le plan frontal ont été rapportées. Certains auteurs se sont donc penchés sur le rôle des torsions des membres inférieurs dans l’apparition des gonarthroses latéralisées. En effet, des associations de troubles de torsions squelettiques du membre inférieur et gonarthroses ont été observées en l’absence de déformation dans le plan frontal. Afin de mieux comprendre le rôle de ces torsions, nous avons imaginé un dispositif expérimental permettant d’étudier le retentissement d’ostéotomies fémorales de rotations sur la cinématique du genou et les contraintes fémoro-tibiales. Six membres inférieurs de cadavres de sujets âgés ont été requis pour l’étude. L’analyse tridimensionnelle de la cinématique fémoro-tibiale a été réalisée grâce à un électrogoniomètre à six degrés de liberté. Les modifications de longueurs des muscles ischio-jambiers, du droit antérieur, du droit interne et du tenseur du fascia lata ont été mesurées par six capteurs de déplacement linéaire ou LVDT. Les bras de levier des muscles ont été évalués par la méthode des excursions tendineuses. Six capteurs ont été introduits dans l’épiphyse proximale du tibia à environ 1 cm de la surface articulaire afin de mesurer les contraintes de compression. Ceux-ci sont constitués de jauges d’extensométrie coulées dans une résine Epoxy. Des mouvements de flexion-extension sont effectués, muscles chargés, avant l’ostéotomie, après la section fémorale avant toute rotation puis après des rotations allant de 6 à 18 degrés en interne et en externe. Nous avons observé que la correction en rotation interne augmente l’adduction tibiale alors que la correction en rotation externe la diminue. La correction en rotation externe est responsable d’une translation latérale du tibia alors que la correction en rotation interne provoque une translation médiale. La correction en rotation interne semble diminuer le bras de levier des muscles internes. Ceci peut être responsable d’une diminution de l’efficacité de ces muscles et donc nécessiter une force supérieure pour la réalisation du mouvement. La rotation interne augmente le bras de levier du tenseur du fascia lata et augmenterait son efficacité. Inversement, les corrections en rotation externe entraînent une augmentation des bras de levier des muscles internes et une diminution du bras de levier du tenseur du fascia lata. L’étude des contraintes au niveau de l’os spongieux du tibia proximal a mis en évidence que la correction en rotation externe du fémur augmente les contraintes externes alors que la correction en rotation interne les augmente au niveau du compartiment interne. Nos observations diffèrent de celles de Goutallier et al. (97) qui avaient observé que la torsion fémorale interne élevée entraînait des contraintes externes. Selon Moussa (94), une torsion fémorale interne faible est associée à une gonarthrose évoluée. Takaï et al. (85) n’ont pas observé de différence de torsion fémorale entre un groupe d’arthrose externe et un groupe d’arthrose interne. Enfin Yagi est le seul auteur qui a observé une tendance à la torsion fémorale interne élevée dans l’arthrose fémoro-tibiale interne. C’est la seule observation qui concorde avec les résultats de notre étude. Il apparaît donc que les modifications de torsions fémorales ont des répercussions sur les contraintres intra-articulaires et
également sur les paramètres cinématiques du genou.